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Raining poetry project - ImmigrantArt
13 décembre 2017

SOPOV Aco, Soleil noir encore+Soleil noir toujours

Soleil noir encore

 

De quel royaume fabuleux, de quel tombeau splendide
qui au soir t’accueille et au matin te chasse,
viens-tu déverser, soleil noir, de noires pluies
comme une menace ultime lancée au monde ?

 

Qu’est-ce donc ? Guerre de fauve contre fauve,
de branche contre branche, d’arbre contre arbre, de racine
contre racines sauvages, étoile filante qui, de son feu, déchire le ciel,
guerre du ciel contre la terre, guerre des morts contre les vivants ?

 

Quel est ce royaume fabuleux, ce tombeau du vent,
où un monstre à trois têtes nous jette trois terribles
regards, en ce lieu du crime, des eaux déchaînées, des eaux sèches,
dans cette terre noire qui tient dans une main ?

 

Quelle est cette terre que nous nommons de notre nom
recopié de toutes les citadelles, de tous les abîmes,
de toutes les cimes ? Soleil noir, noir en toute saison,
nous sommes ici, tous deux couverts de feuilles désoleillées.

 

Soleil noir toujours

 

Ici tout te ressemble à mort.
Le goudron répandu sur les monts.
Le filet de résine
qui court le long des gorges sèches.
La tristesse du chien qui geint dans les faubourgs,
elle aussi, te ressemble à mort.

 

Et ce récif cerné d’eau,
eau abandonnée telle une femme
dans les bras de celui qui paiera de sa vie
sa soif indomptée.
Et ce mauve avare, proche et intouchable.
Et ce récif cerné.

 

Et ces vignes et ces vignes vierges. Et ces vins 
débordant d’incandescence, d’ardeur, d’embrasement.
Et la sécheresse.
Et la pierre à l’âme pétrifiée.
Et nos trois fils, soleil noir, nos trois fils 
assoiffés parmi les vignes, les vignes vierges et les vins.

 

Et ce clocher dans la dense coudraie,
priant, blasphémant.
Gémissant blessé.
Et tous ceux qui cherchent repos et guérison.
Et tous les saints sur les fresques aux yeux crevés.
Et ce clocher dans la dense coudraie.

 

Ici tout te ressemble à mort.
Le goudron répandu sur les collines.
La résine.
Et par-dessus, la constellation du Grand Char.
Jusqu’au chien qui geint par les faubourgs,
jusqu’à sa tristesse te ressemble...

 

Et cette terre tumultueuse, mais claire.
Et la sécheresse. Et l’embrasement.
Et l’angoisse.
Et mes trois blessures - trois paroles jamais dites.
Ô soleil noir, feu de fin d’automne
nous baignons dans la lueur d’une étoile déjà morte.

 

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/Sopov/sopov.html

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