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Raining poetry project - ImmigrantArt
13 décembre 2017

BACHMANN Ingeborg, exil + les ports étaient ouverts

les ports étaient ouverts

 

les ports étaient ouverts. Toutes voiles dehors,

le rêve par-dessus bord, nous y sommes embarqués,

fers aux genoux et rires autour de nos cheveux,

car nos rames frappaient la mer, plus vite que Dieu.

 

nos rames frappaient les aubes de Dieu et partageaient les flots;

au-devant était le jour, et derrière restaient les nuits,

au-dessus était notre étoile,en bas sombraient les autres,

dehors se taisait la tempête, dedans poussait notre poing.

 

exil

 

je suis un mort qui marche

nulle part annoncé

inconnu dans le royaume des arrêtés préfectoraux

surnuméraire dans les villes d'or

et dans les pays verdoyants

 

depuis longtemps dédaigné

à qui nul ne pense

seulement avec vent avec temps avec sons

car je ne peux vivre au milieu des hommes

moi avec cette langue allemande

ce peuple autour de moi

que je prenais comme maison

je passe au travers de toutes les langues

 

ô comme elles s'obscursissent

les sombres notes de la pluie

seulement ne tombent guère
dans des zones plus claires elle soulève alors le mort

 

 

Seulement quand une pluie prit feu, nous guettâmes à nouveau;

des lances s'abattaient et des anges entrèrent,

fixant des yeux plus noirs dans nos ténèbres.

Nous étions là, anéantis. Nos blasons s'envolèrent:

 

une croix dans le sang et un plus grand navire sur notre cœur

 

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/bachmann/bachmanntextes.html 

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