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Raining poetry project - ImmigrantArt
13 décembre 2017

BOYE Karin, De nombreuses voix parlent+Oui bien sûr ça fait mal+Éternité

De nombreuses voix parlent

 

De nombreuses voix parlent
La vôtre est comme de l'eau.
La vôtre est comme la pluie,
quand elle tombe dans la nuit.
Murmure profond,
se noyant provisoirement,
lente, hésitante,
douloureusement vivante.

Ondulante comme des flaques
derrière tous les sons,
ruisselant et s’écoulant
contre ma peau,
m’enveloppant doucement,
s’enfermant en moi,
m’emplissant les oreilles
avec des chuchotements de souvenirs.

Je veux m'asseoir tranquillement
là où je ne vous dérangerais pas.
Je veux vivre et travailler
là où je peux vous entendre.
De nombreuses voix parlent.
Grâce à elles toutes
Je n’ai entendu que la vôtre
comme une nuit de chute de pluie.

 

(traduction personnelle)

 

 

Oui bien sûr ça fait mal

 

Oui bien sûr que ça fait mal quand les bourgeons éclatent.
Sinon, pourquoi le printemps hésiterait?
Pourquoi tous nos désirs fervents seraient
emprisonnés dans la brume gelée et amère?
Le bourgeon était l’enveloppe de tout l'hiver.
Quelle est cette chose nouvelle, qui consomme et éclate?
Oui bien sûr que ça fait mal quand les bourgeons éclatent,
la douleur pour ce qui croît
et pour ce qui enveloppe.

 

Bien sûr, c’est difficile lorsque tombent les gouttes.
Tremblantes de peur elles pendent lourdement,
accrochées à la branche, elles glissent et gonflent -
La pesanteur les tire vers le bas, comment elles se cramponnent.
Difficile d'être incertain, apeuré et divisé,
difficile de sentir les profondeurs qui vous attirent et vous appellent,
encore assis là et juste tremblant -
dur de vouloir rester
et de vouloir tomber.

 

Puis, à ce point de l'agonie et quand tout est au-delà de toute aide,
les bourgeons de l'arbre éclatent comme en jubilation,
puis, quand la peur n'existe plus,
les gouttes de la branche tombent dans un miroitement,
oubliant qu'ils avaient si peur de la nouveauté,
oubliant qu'ils avaient si peur du voyage -
sentant pour une seconde leur plus grande sécurité,
reposant dans la confiance

                          qui crée le monde.

 

(traduction personnelle)

Éternité

Une longue éternité
fut alors notre été.
Nous voyagions au loin dans les jours ensoleillés
qui n'avaient pas de fin.
Nous coulions dans le vert parfumé
profondeurs sans plancher
et n'avions pas peur
de l'heure de la tombée du jour.

Où donc est allée notre éternité?
Comment avons-nous oublié
son saint secret?
Notre jour est devenu trop court.
Dans les conflits que nous formons,
dans un spasme nous rimons
une œuvre qui sera éternelle -
et son essence est le temps.

Mais des gouttes encore intemporelles
tombent dans nos bras
à un moment où nous sommes absents
des buts et des noms,
quand le soleil se tait
par-dessus des pailles, là, solitaires, 
et tous nos combats nous semblent
comme un jeu et un prêt.

Alors nous avons le sentiment que la condition
que nous avons une fois reçue:
brûler dans l'instant
le legs de la vie, 
et oublier le temps
qui dure et perdure,
pour une deuxième création,
qu’aucune jauge ne peut approcher jamais.

(Traduction personnelle)

 

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/boyekarin/boyekarin.html#3

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